La Gen Z change les règles du jeu
Contrairement aux générations précédentes, la Gen Z ne cherche plus à dissimuler les imperfections, mais à les traiter à la source. Il n’est plus rare de voir des jeunes arborer des patchs de soin anti-boutons en public, assumés sans complexe. Ce geste, autrefois réservé à l’intimité de la salle de bain, devient une affirmation visible : prendre soin de sa peau n’est plus un signe de gêne, mais un acte de bienveillance, une tendance. Les imperfections ne sont plus honteuses, elles deviennent une étape normale et assumée du processus de soin.
Cette évolution s’accompagne d’un intérêt croissant pour les ingrédients fonctionnels et performants. Acide hyaluronique, niacinamide, peptides : les actifs stars des nouvelles routines s’attaquent aux causes des déséquilibres cutanés, pas seulement à leurs symptômes.
Résultat ? Le maquillage devient minimaliste, accessoire, presque secondaire. La peau nue et lumineuse s’impose comme le nouveau standard, porté par la tendance croissante de la « clean-girl ».
“73 % des membres de la Gen Z interrogés estiment qu’une bonne routine de skincare est « plus importante que le maquillage ».
Klarna, 2022
La skincare, miroir des valeurs d’une génération
La Gen Z est une génération hyper-connectée, éduquée, sensibilisée aux enjeux de santé, d’environnement et de transparence. Et cela se reflète dans sa façon de consommer. D’après un rapport de McKinsey (2023), le marché de la skincare a connu une croissance deux fois plus rapide que celui du maquillage ces dernières années, notamment grâce aux jeunes consommateurs qui privilégient l'efficacité, la composition clean et les routines personnalisées.
Plutôt que de masquer les imperfections, la Gen Z cherche à comprendre sa peau, à en prendre soin et à prévenir les déséquilibres. Elle s’intéresse aux actifs, aux textures, à la formulation, et n’hésite pas à investir dans des produits dermatologiques, souvent inspirés du monde médical (peptides, niacinamide, acide hyaluronique, rétinoïdes, etc.).
À la recherche de plus d’authenticité
Ce changement s’inscrit dans une volonté plus large de revenir à une esthétique réaliste, loin des normes de perfection des années 2000. Sur les réseaux sociaux, à l'image du #bodypositive, la tendance du #skinpositivity prend de l’ampleur, prônant l’acceptation des pores visibles, de l’acné ou des taches pigmentaires.
À l’inverse du maquillage lourd qui symbolisait autrefois la sophistication ou la féminité, le glow naturel, la transparence et la lumière propre à une peau saine deviennent les nouveaux idéaux. Le maquillage n’est pas rejeté, mais réinterprété : plus léger, plus discret, souvent centré sur des textures crème et des finis lumineux. Il vient sublimer la peau, non la cacher.

La pression d’une peau parfaite
Mais cette quête du glow naturel n’est pas sans revers. Les réseaux sociaux, en glorifiant les peaux lisses et sans défaut, imposent une norme implicite parfois difficile à atteindre. Les imperfections persistantes — acné, cicatrices, rougeurs — deviennent source de frustration, voire de souffrance psychologique.
Des études établissent un lien clair entre acné et troubles de l’humeur, rappelant que la peau est aussi un enjeu émotionnel.
Une révolution bienveillante... mais exigeante
Si le retour au soin traduit un besoin de mieux-être, il s’accompagne aussi d’une exigence nouvelle : il ne suffit plus d’être maquillée, il faut être “naturellement belle”. Et cela peut devenir une pression en soi. C’est ce que nous explorerons dans notre prochain article : quand la quête de la peau parfaite devient source d’anxiété.